La tristement banale histoire de Boshee le malamute

Boshee était un chien malamute qui vivait à la campagne, dans une maison proche de l'école du village, avec un jardin à l'arrière et une petite cour à l'avant.
Comme tout bon nordique, Boshee avait un grand besoin de se dépenser, de courir, de sentir, d'explorer. Malheureusement, son humain n'avait pas assez de temps à lui accorder, et estimait que le grand jardin était bien suffisant pour que le chien puisse se défouler.
Bien sûr, ce n'était pas le cas ; alors Boshee commençât à fuguer pour satisfaire son besoin exploratoire. Pour remédier à cela, son humain rehaussa la clôture ; mais c'était sans compter sur l'intelligence de Boshee, qui compris qu'en renversant la poubelle, il pouvait grimper dessus et ainsi sauter par dessus la clôture.
Alors son humain décida de le confiner dans la petite cour devant la maison, où la clôture était encore plus haute.
Chaque jour, à la sortie de l'école, un groupe d'enfants passait devant la maison, et commençât à narguer Boshee, à l'exciter, puis à lui jeter des pierres. Au début, Boshee grognait, aboyait, menaçait pour faire cesser les enfants. Mais ceux-ci avaient bien compris qu'il ne pouvait rien faire à cause du portail, et continuèrent à lui jeter des pierres.
Comprenant qu'il n'avait aucun moyen de se défendre, Boshee fini par cesser de menacer : il s'inhiba. Pendant plusieurs semaines, Boshee subit en silence les jets de pierres, se mettant parfois en boule dans un coin pour que la douleur soit moins forte.
Des voisins, témoins de la scène, avertir l'humain de Boshee, qui à son tour, averti les parents des enfants, leur demandant poliment s'ils pouvaient cesser. Mais Boshee était un gros chien, et il n'avait aucune blessure apparente. Ni les parents des enfants, ni l'humain de Boshee ne s'alarmèrent ou n'insistèrent.
Et les enfants continuèrent à jeter des pierres sur Boshee.
Puis un jour, l'humain de Boshee oublia de fermer le portail ... et à la sortie de l'école, quand le groupe d'enfants passa devant la maison, Boshee les attaqua.
Un enfant fût gravement mordu, et Boshee fût euthanasié.
On pourrait se poser de nombreuses questions à la lecture de cette histoire et j'en imagine quelques unes :
- pourquoi avoir choisi un malamute alors que cet humain n'avait pas assez de temps pour le sortir régulièrement et assez longuement pour satisfaire son besoin exploratoire ?
- pourquoi, après avoir appris pour les jets de pierres, ne pas avoir mis un abri dans la cour pour que Boshee puisse s'y réfugier ?
- pourquoi, ayant été témoins de cet acte de maltraitance, les voisins ne sont ils pas intervenus ?
- pourquoi, après qu'on lui ait rapporté ces faits, l'humain de Boshee n'a t'il pas été plus insistant auprès des parents pour qu'ils réagissent et que les enfants cessent de jeter des pierres sur ce chien ?
Cette histoire s'est déroulée dans les années 90. Et plus de 20 ans après, elle est toujours d'actualité.
Chaque jour, des gens prennent un chien sans se renseigner sur la race, sur ses spécificités, sans même parfois savoir ce qu'est vraiment un chien, ce dont il a besoin pour s'épanouir.
Chaque jour, des chiens développent des "comportements gênants" pour leurs humains, parce que leurs besoins ne sont pas satisfaits. Et leurs humains privilégient souvent la facilité, préférant travailler sur la forme plutôt que sur le fond du problème, déplaçant ainsi ce problème et renforçant le mal être du chien.
Chaque jour, des chiens subissent des maltraitances, parfois physiques, parfois psychologiques, parfois les deux, et parfois ces maltraitances sont infligées par des professionnels du milieu canin sensés aider les humains. Et ces humains n'osent rien dire, ils laissent faire. Alors le chien fini par s'inhiber, ne plus réagir, laissant ainsi croire que le souci est réglé ... jusqu'au jour où ils n'en peuvent plus de cette souffrance. Et là, la cocotte minute explose ... le portail s'ouvre...
Chaque jour, des chiens sont euthanasiés, des enfants blessés par morsures, parce que les humains n'ont pas su intervenir ou n'ont pas osé, parfois par négligence, parfois pas méconnaissance.
Accueillir un chien est une vraie responsabilité.
Ne le choisissez pas juste pour son physique ou parce qu'il est disponible immédiatement, renseignez vous sur ses besoins, et vérifier votre capacité à pouvoir le combler : il doit vous correspondre et vous devez lui correspondre.
Formez vous, apprenez à le comprendre, à créer une relation de confiance, à le guider dans notre société humaine, avec patience et bienveillance.
Protégez le, osez dire non aux personnes qui lui infligent des souffrances physiques ou psychologiques, même s'il s'agit d'un professionnel du milieu canin : RIEN ne justifie la violence envers un chien.
C'est une histoire tristement banale qui s'est déroulée il y a plus de 20 ans ... Et qui est malheureusement toujours d'actualité ...
A la mémoire de Boshee, et de tous ces chiens victimes de l'incompréhension humaine.